Héritier d’une très longue histoire, le repas thérapeutique constitue un moyen puissant pour renouer avec les interactions sociales. C’est aussi une pratique permettant de réduire le recours à la contention et à l’isolement.
Manger : il s’agit d’une action tellement banale qu’on oublie parfois qu’en plus de son aspect nutritionnel, elle est lourdement chargée de sens. Pendant son séjour dans une maison de retraite creil, une personne âgée peut prendre son repas en groupe, accompagné de professionnels psychologues. Il est donc invité à exprimer ses préférences culinaires, à desservir et servir, à partager ses expériences et ses ressentis qui font parfois échos à ceux des autres résidents. Cette pratique recèle plusieurs objectifs :
Selon la problématique personnelle du résident ainsi que son projet, les objectifs peuvent être beaucoup plus précis. Il peut très bien s’agir d’une éducation par rapport à l’hygiène de vie ou d’une stimulation à la prise alimentaire. Il peut aussi être question de s’appuyer sur le repas comme méthode de médiation afin d’établir une relation différenciée ou de stimuler un résident apathique et isolé.
Chaque événement du quotidien, même le plus infime, peut être considéré comme un support au soin. C’est aussi le cas des repas. Par repas thérapeutiques, on remarque deux suites de séquences de soins distincts. L’isolement, le repli et la perte d’appétit peuvent être des symptômes. Les patients peuvent présenter des difficultés à manger au foyer, un lieu encore inconnu pour eux. Entre autres, la foule des autres résidents peut également les inquiéter. Pour les rassurer, les aider à supporter les contraintes sociales et relationnelles du repas, un assistant mange à leur table. C’est aussi une occasion de les familiariser avec un cadre nouveau.
Dans la maison de retraite Gouvieux, l’assistant accompagne les personnes âgées et mange le même plat qu’eux. Au début, le patient peut se montrer réservé, mais progressivement, ils pourront faire connaissance et échanger quelques mots. Un lien fort se noue alors entre eux, ce qui amène le résident à rechercher l’écoute et la présence de son soignant.
L’autre type de pratique ne se réduit pas uniquement au seul repas : il prend aussi en considération la préparation du repas. Parfois, cela concerne les repas du groupe. Les participants sélectionnent le menu tout en tenant compte de la saison, de la région et du budget. Les courses effectuées, il faut maintenant préparer le repas et se partager les tâches, connaître qui fait quoi.
Pendant le repas, l’ambiance du groupe est capitale. Manger ne suffit pas, il faut s’ouvrir à la conversation. Les patients racontent des anecdotes, parlent de tout et de rien, rêvassent et plaisantent. Cela dit, le repas thérapeutique est une séquence de la vie de tous les jours, proche de la réalité. Il permet de travailler les nombreuses compétences que les patients croyaient avoir perdues, avaient perdu ou n’avaient jamais eu.
Dans un processus pluridisciplinaire, l’action de manger n’est pas uniquement un fait qui revient de manière inévitable et répétitive. En réalité, c’est bien plus que cela. Par son intermédiaire, la personne âgée reçoit un élément externe, plus ou moins reconnaissable ou étranger. Elle doit l’identifier, en prendre connaissance et accepter de se soumettre à l’indésirable et à l’immaîtrisable qu’il recèle et ainsi de signer son inscription et son appartenance dans le cadre social.